E n visite... Vous ouvrez la porte de l'atelier de Claude TORRICINI, qu'y trouvez-vous ?

Vous êtes d'abord accueillis par un parfum de bois, de plâtre, de poussières de pierre et de terre mêlées, puis la lumière se fait sur une assemblée silencieuse et confuse de blocs, de silhouettes et d'ombres, serrées les unes contre les autres, parfois recouvertes de drap ou de papier d'emballage. Chrysalides en sommeil.

Vous pourriez vous sentir archéologue découvrant la tombe du pharaon, mais ici, il ne s'agit évidemment ni de tombe ni de sortilège, l'atelier est un lieu bien vivant fait de recueillement, d'inspiration et de création. L'assemblée qui vous y accueille est composée de bois, de marbre et de bronze, une assemblée sereine, sans gestes théâtraux, sans catastrophe ou empilements précaires, sans drame ni littérature. Une assemblée simplement soumise aux lois de la pesanteur, semblant à peine échappée à la forme brute du billot ou du bloc de pierre.

Assemblée de figures rituelles, sans âge, hors du temps, éveillant l'écho, enfoui au plus profond de nous même, d'un culte inconnu et pacifique qui semblait oublié et que l'œuvre de Claude TORRICINI remet en lumière.

Des métamorphoses, des apparences humaines, des personnages debout ou assis, juges débonnaires à têtes d'animaux familiers, évoqués plutôt que montrés. Mais leur évocation a la vigueur nécessaire pour que soient perceptibles, inscrits dans la matière inerte, la spontanéité éclairée d'humour de leur création et, à fleur de peau, le frémissement d'une vie immobile.

Il n'est pas possible dans la brièveté de ce site de restituer le climat et le mystère d'un atelier. Ces quelques images n'illustrent qu'imparfaitement l'aptitude d'invention "Touche à tout" de Claude TORRICINI. Elles sont simplement une invitation à parcourir avec bonheur un paysage né de la magie des ciseaux et des crayons de l'artiste.

Michel Moritz